1518-2018 : 500 ans d'une scène historico-folklorique autour des 4 fils Aymon

C’est le folkloriste namurois Félix Rousseau qui, dans son « Légendes et coutumes du pays de Namur » paru en 1971, relevait la présence d’un groupe particulier au sein du cortège de 1518 : une reconstitution de cette légende des Quatre fils Aymon poursuivis par Charlemagne, et qui se sauvent de leur mauvais pas avec le concours de Bayard, le cheval-fée et la complicité de leur cousin, l’enchanteur Maugis.

Le cheval Bayard est bien connu en pays mosan. Les namurois l’associent inévitablement au rocher dinantais (appelé « Rocher Bayard » dès 1355) qui se serait détaché du coteau quand l’équidé fit traverser la Meuse à ses cavaliers, les emmenant d’un seul bond sur l’autre rive.

C’est un passage de la très célèbre « Légende des Quatre fils Aymon » qui avaient osé enflammer la colère de Charlemagne. Mais point n’est nécessaire de descendre jusque Dinant. A Namur, les quatre fils Aymon sont également représentés par la statue de Strebelle, à hauteur du pont des Ardennes.

Charlemagne à Namur, entre histoire et folklore 

Si Charlemagne a bien existé –les étudiants le situeront classiquement en l’an 800 quand le roi des Francs et des Lombards fut couronné Empereur d’Occident- il n’en est pas de même des Fils Aymon et de leur cousin, l’enchanteur Maugis. Avec cette reconstitution d’une scène de 1518 qui célèbre aujourd’hui ses 500 ans, on est donc bien dans l’historico-folklorique. Ce tableau est donc quelque peu différent de ceux qui évoquent au sein du même cortège, l’enracinement local de Blanche de Namur, du Comte Jean, de la Reine Margot, de Marie Spilar ou le passage en notre ville de Don Juan d’Autriche ou de Charlequint… des faits historiques avérés, ceux-là. Mais c’est aussi cela, le folklore : revisiter son passé, ses traditions, ses mythes et légendes ancestrales.

Les Géants, ces grandes bêtes étonnantes

Qu’ils soient portés ou à roulettes, qu’ils perdurent au fil des ans ou soient brûlés à la fin de leur prestation, les Géants sont un élément emblématique du folklore local et du patrimoine culturel populaire de nos régions. Plus de 1500 en Belgique ! A côté de la représentation de hautes personnalités (personnages bibliques mais aussi célébrités profanes plus récentes) on compte la figuration d’animaux, souvent hostiles (les dragons notamment) qu’il faut terrasser ensemble et avec le concours de héros protecteurs (Saint Georges, par exemple). Cette scénographie a pour but de rassembler les forces vives locales en un vaste scénario sans cesse répété (pensons à notre tradition des Grands feux où l’on brûle ensemble le Bonhomme Hiver –un Géant à sa façon- pour s’assurer protection et santé pendant un an), occasion de liesse et d’identification à une histoire commune traversant les générations. A Namur, aux côtés de Goliath et des chevaux Godins, il y a Bayard. Cet animal légendaire, on le retrouve aussi à Dinant, Ath, Nivelles, Audenarde, Termonde et le plus ancien sans doute, dès 1428, à Leuven. Le nôtre (première évocation en 1518, puis reconstruction en 1951) dans sa forme actuelle (1997) est une reconstitution récente comme en atteste la matière qui le compose : du polyester. On le comprend aisément, le caractère fragile des géants d’osier trouve dans les nouveaux matériaux le moyen de résister mieux à l’assaut des ans. Reste que l’osier a un poids et assure une souplesse dans la structure qui le fait être encore préféré aujourd’hui pour la fabrication des Géants portés.

Un album est consacré à cette sortie, sous l'intitulé "Charlemagne" (colonne de droite)